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    Du World Trade Center à Charlie Hebdo: que deviennent les lieux de tragédie?

    Tour d'horizon de ces endroits et de ce qu'ils sont devenus après les attentats et tueries qui les ont touchés.

    Dés écoles, des restaurants, des lieux de culte... Les attaques terroristes sont souvent perpétrées dans des lieux publics, détruisent les repères des citoyens, et transforment les lieux du quotidien en tombes.

    Parfois, ces lieux de tragédie restent immuables, comme si rien ne s'y était produit. D'autres finissent par disparaître ou sont remplacés par quelque chose de nouveau. Voici une liste non exhaustive de ce qu'ils sont devenus.

    Une nouvelle tour à la place du World Trade Center

    Quelques heures après les attentats d'Al-Qaïda qui ont tué 2753 personnes le 11 septembre 2001, le maire de New York de l'époque, Rudolph Giuliani, l'avait promis: «Nous reconstruirons».

    Quatorze ans plus tard, le 29 mai 2015, la One World Trade Center, tour de 541 mètres de haut (1776 pieds pour rappeler l'année de l'indépendance des États-Unis) a été officiellement ouverte au public après neuf années de travaux. Son surnom: «Freedom Tower», la tour de la liberté.

    Les locaux de Charlie Hebdo remis sur le marché

    Le centre commercial Westgate partiellement rouvert

    67 personnes sont mortes lors de l'attaque sanglante perpétrée par al-Shabaab dans ce centre commercial de Nairobi (Kenya) en septembre 2013. Il aura fallu près de deux ans pour qu'en juillet 2015, un «mall» restauré réouvre partiellement ses portes – seulement la moitié des boutiques ont repris leur activité.

    Un mémorial sur l'île d'Utøya

    Le 22 juillet 2011 lors d'un rassemblement des jeunes travaillistes de Norvège sur l'île d'Utøya, le terroriste d'extrême-droite Anders Behring Breivik abattait 69 militants. Un peu plus tôt dans la journée, le tueur avait déjà provoqué la mort de 8 personnes avec l'explosion d'une bombe dans un quartier proche du siège du gouvernement à Oslo.

    Quatre ans après la tragédie, à l'été 2015, l'île a accueilli son premier camp d'été de la Jeunesse travailliste. Sur place, la cafétéria où 13 personnes étaient tombées sous les balles de Breivik existe toujours, et les impacts de balles encore présents. Un mémorial, «la clairière» a été aménagé dans un bois avec le nom de 60 victimes sur les 69, «les familles des neuf autres refusent encore que le nom de leur cher disparu y soit gravé», selon l'AFP. «Mais une nouvelle bâtisse, la «maison de la sauvegarde», est en train de voir le jour (...) et sera consacrée à la mémoire.»

    L'école Ozar Hatorah, réouverte une semaine après

    L'attaque de cette école juive à Toulouse, en 2012, a choqué toute la France. Mohamed Merah, après avoir abattu trois militaires, y a fait 4 victimes, dont trois jeunes enfants. Malgré l'horreur des événements, l'école a réouvert dès la semaine suivant l'attentat. À part une surveillance accrue, rien n'a changé selon le directeur Yaacov Monsonego: «L'âme de l'école est toujours là», disait-il dans une interview en mars 2015.

    Une plaque devant la synagogue de la rue Copernic

    Le 3 octobre 1980, un attentat à la bombe près de la synagogue de la rue Copernic (16e arrondissement) à Paris a fait 4 morts et une vingtaine de blessés. La devanture de l'établissement religieux a été soufflée, la rue dévastée et des voitures ont été calcinées.

    Aujourd'hui, la synagogue de l'Union libérale israélite de France existe toujours, avec une plaque commémorative rendant hommage aux quatre personnes décédées dans l'attentat.

    Le musée juif de Bruxelles, rouvert après quatre mois

    Le musée belge dans lequel Medhi Nemmouche a fait quatre morts le 24 mai 2014, a rouvert quatre mois après l'attentat. Une plaque commémorative a été placée à l'entrée du musée.

    Le musée du Bardo, rouvert avec les impacts de balles encore sur les murs

    Au total, 24 personnes sont mortes lors de l'attaque terroriste du musée du Bardo survenue le 18 mars 2015 à Tunis. L'attentat dans ce haut lieu du tourisme tunisien a été revendiqué par l'État islamique. Le musée a rouvert le 30 mars, douze jours après l'attentat avec les impacts de balles encore présents sur les murs. Une stèle a été inaugurée à l'entrée du musée avec la liste des victimes.

    L'Hyper Cacher entièrement rénové

    Le magasin Hyper Cacher situé porte de Vincennes à Paris a été l'une des cibles des attentats terroristes de Paris en janvier 2015. Quatre personnes ont été abattues par Amedy Coulibaly, tué le 9 janvier après avoir pris en otage près d'une vingtaine de clients dans la superette cacher.

    Le magasin, qui a rouvert ses portes plus de deux mois après l'attaque, le 15 mars, n'a pas été rasé, mais rénové pour effacer toutes les traces de l'attentat. L'intérieur a été refait, la façade ravalée, un nouveau personnel a été embauché. Le patron du magasin à l'époque des faits, Patrice Oualid n'a pas participé à la reprise du magasin. Une plaque porte aujourd'hui les noms des trois clients et de l'employé du supermarché cacher tués.

    À Bali, un bar déplacé et une boîte de nuit pas reconstruite

    Il s'agit des attentats les plus sanglants dans l'histoire de l'Indonésie. Le 12 octobre 2002, plusieurs explosions dans des discothèques et bar-restaurants de Bali ont provoqué la mort de 202 personnes.

    L'un des bars détruits ce jour-là, le Paddy's Bar, a rouvert ses portes en août 2003, mais à quelques mètres de l'ancien site. «Par respect pour la culture hindoue de Bali, il a dit qu'il ne voulait pas reconstruire sur l'ancien site qu'il a appelé un "lieu de sépulture"», expliquait la BBC en interrogeant le patron du bar.

    Le Sari Club, la boîte de nuit la plus touchée, n'a jamais été reconstruite, et on trouve aujourd'hui un parking sur l'ancien emplacement de la discothèque. Lors du 10e anniversaire des attentats, certaines familles ont exprimé leur dégoût en voyant le terrain délaissé et sale, selon The Sydney Morning Herald. Si un mémorial en hommage aux victimes a été construit dans les environs, la construction d'un «parc pour la paix» sur l'endroit où se tenait le Sari Club bloque toujours à cause des propriétaires du terrain qui refusent de le céder.

    Le Tati rue de Rennes, rouvert puis remplacé par un Zara

    L'attentat à la bombe de la rue de Rennes à Paris (6e arrondissement) devant le magasin Tati a fait 7 morts et 55 blessés le 17 septembre 1986. Tati a fermé en 1999 et est désormais remplacé par une boutique de la marque de prêt-à-porter Zara. Le Parisien expliquait à l'époque: «En janvier 1999, Tati annonce qu'il quitte la rue de Rennes plutôt que d'accepter une augmentation de loyer de son propriétaire, les AGF. Un an plus tard, la marque espagnole Zara emménage, après avoir rénové le magasin.»

    La réouverture du Bataclan

    Sur les 1500 spectateurs, 90 sont morts le soir du 13 novembre après l'attaque qui a visé la salle de concert parisienne située dans le 11e arrondissement. En plus de la fusillade et de la prise d'otages, plusieurs ceintures d'explosifs ont été déclenchées par les terroristes.

    Après un débat sur l'avenir de la salle, le Bataclan a finalement annoncé sa réouverture en avril 2016. Le premier concert, donné par Sting, aura lieu le samedi 12 novembre. Toutes les places ont été vendues en moins d'une demi-heure.

    Les terrasses de café visées le soir du 13 novembre à Paris

    En plus des victimes du Bataclan, de nombreuses personnes installées en terrasse ou situées à proximité ont été tuées le soir du 13 novembre. La Belle Équipe (19 morts), Le Carillon et Le Petit Cambodge (15 morts), La Bonne Bière (5 morts) et le Comptoir Voltaire ont été visés ainsi que la terrasse du Casa Nostra.

    Trois semaines jour pour jour après les attentats, La Bonne Bière a rouvert ses portes après que la décoration a été entièrement modifiée. Près d'un mois après, c'était au tour du Comptoir Voltaire située près de Nation d'ouvrir. L'un des trois terroristes s'était fait sauter en terrasse, faisant plusieurs blessés.

    Le Carillon a rouvert ses portes le 13 janvier 2016.

    Le Casa Nostra, dont la vente d'une vidéo de l'attaque par son propriétaire avait fait polémique, a repris son activité fin janvier. La mairie de Paris avait conditionné le versement de l'aide promise aux commerces au reversement des 50.000 euros que le commerce aurait touchés du quotidien britannique. Interrogée par BuzzFeed, la ville de Paris précisait que les aides étaient toujours bloquées, «n'ayant pas reçu la preuve de ce versement». Quant au patron du Casa Nostra, il souffrirait de «grave dépression» selon son avocat.

    Le Petit Cambodge a quant à lui rouvert en mars 2016, quatre mois après les attentats.

    L'hôtel Marriott de Jakarta, rouvert après un mois

    Une explosion à la voiture piégée a frappé l'hotel de luxe Marriott à Jakarta, Indonésie en 2003. L'immeuble situé au cœur du quartier des affaires de la capitale indonésienne a été soufflé sur 30 étages. La réception a été entièrement détruite. Fermé pendant plus d'un mois, l'hôtel a rouvert ses portes.

    L'école de Sandy Hook rasée et un centre d'études sur la paix à Virginia Tech

    Ce ne sont pas des lieux d'attentats mais de fusillades. Sandy Hook, où Adam Lanza tua 20 enfants et six employés de l'école primaire après avoir abattu sa mère en 2012, est le lieu d'un des massacres les plus choquants de l'histoire récente des États-Unis. L'école fut d'abord fermée indéfiniment, avant d'être complètement rasée en 2013. «Les ouvriers avaient reçu l'ordre de détruire tout ce qui pouvait être lié à l'école –en partie pour protéger l'intimité des victimes, en partie pour éviter que des objets de l'école ne soient vendus en ligne.», peut-on lire dans un article du New York Times. En effet, après le 11-Septembre, des vestiges issus des tours jumelles avaient été vendus en ligne.

    Un symbole fort: le bâtiment de l'université Virginia Tech dans lequel 30 personnes avaient été abattues en 2007 –la fusillade la plus importante dans une école américaine– a été reconverti en Centre d'études sur la paix et de prévention de la violence. Après avoir annoncé cette rénovation, le doyen de l'université avait déclaré: «c'est un message pour dire que même avec la pire tragédie imaginable, on peut construire quelque chose de très positif.»