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    Des propos islamophobes interrompent cette interview sur l'islamophobie

    «Pourquoi faites-vous ce genre de commentaires? De toute évidence, vous n'appréciez pas que cette interview ait lieu.»

    Une interview de la BBC avec une étudiante londonienne sur la montée de la haine anti-musulmane sur les réseaux sociaux a été interrompue par un homme proférant des commentaires islamophobes.

    Ruqaiya Haris, une étudiante et écrivaine de 23 ans, racontait à la journaliste de la BBC Catrin Nye ses expériences de haine en ligne suite à la publication de nouvelles statistiques montrant que 7000 tweets islamophobes avaient été envoyés chaque jour en juillet. Ces données ne comptabilisent que les tweets écrits en anglais.

    Lors de l'interview, Ruqaiya Haris explique: «Peu importe ce que je dis, ou le sujet sur lequel j'écris, ou ce que je poste. Les réactions après une attaque terroriste consisteront toujours à descendre l'islam d'une façon ou d'une autre, ou à insulter l'islam, ou moi, ou mon hijab.»

    «Même si je parle de quelque chose qui n'a absolument rien à voir. Même si je présente mes condoléances aux victimes.»

    Pendant l'interview, qui se déroulait au parc Altab Ali de Whitechapel, dans l'Est londonien, et était diffusée sur BBC Two lors de l'émission du jeudi de Victoria Derbyshire, on peut entendre un homme crier: «La loi de la charia n'existe pas encore ici».

    A man interrupts an interview I'm doing about Islamophobia...with Islamophobia. My new story on rising Twitter abuse https://t.co/ppDq8dUn9t

    Catrin Nye a expliqué à BuzzFeed News que l'homme, qui a ensuite dit à l'équipe de tournage s'appeler Paul, «s'est appuyé contre le mur à côté de nous et s'est mis à faire des commentaires qui parasitaient la prise de son. Nous lui avons demandé de baisser le ton et c'est alors qu'il a dit qu'il avait le droit de s'exprimer. Cela s'est reproduit à quelques reprises et ensuite, il a dit: "La loi de la charia n'existe pas encore ici", ce qui a engendré la discussion qu'on peut voir dans la vidéo.»

    Dans la vidéo, Ruqaiya Haris lui demande: «Vous voulez parler de la loi de la charia avec moi? Nous allons en parler. Vous avez de toute évidence dit ça pour une raison.»

    «Ce n'était pas à vous que je parlais», répond l'homme.

    Ruqaiya Haris rétorque alors: «À qui parliez-vous donc de la loi de la charia ici, monsieur?»

    Dans un entretien avec BuzzFeed News, l'étudiante déclare: «Je me suis levée et j'ai dit: "Pourquoi faites-vous ce genre de commentaires? De toute évidence, vous ne voulez pas que cette interview ait lieu. Vous voyez une femme voilée parler à la BBC. De toute évidence, vous vouliez voir un certain type de réaction."»

    «C'est alors qu'il dit que les musulmans tentent de dominer le monde et il a continué en s'énervant. Mais je tente de lui parler en même temps et à un moment donné, il admet qu'il ne sait pas grand-chose sur l'islam et les musulmans.»

    «Je pense que dans ce genre de scénarios, ils ont souvent l'habitude de dire des choses aux femmes seules. Nous étions à Whitechapel. Il a sûrement l'habitude de dire ça à une mère, à une tante ou à quelqu'un qui ne parle pas anglais, à une jeune fille seule, et je pense que dans ce genre de scénarios, tout le monde n'est pas prêt à dire quoi que ce soit, ce qui est parfaitement compréhensible», ajoute Ruqaiya Haris.

    «Dans ce genre de situation, je suis plus qu'heureuse de me lever et de mettre mon interlocuteur face à ses idées reçues et à ses préjugés. Il ne faut pas rater le coche.»

    LOL I LOST IT 😭 but he was irritating me big time https://t.co/eJ78JTXeML

    Ruqaiya Haris affirme ne pas avoir été surprise par la confrontation et s'être «endurcie» face à ce genre de commentaires après avoir entendu que les préjugés à l'école, à l'université ou sur les lieux de travail étaient monnaie courante. Les reporters de la BBC ont semblé plus étonnés par l'échange, ajoute-t-elle.

    «Je crois que, parce que je suis tout le temps confrontée à ça en ligne, et bien que ce ne soit pas une chose qui arrive tout le temps dans la vraie vie... ça vous endurcit.»

    Les femmes sont plus sujettes à la haine anti-musulmane que les hommes, d'après elle, «car on voit plus facilement que nous sommes musulmanes et on nous considère souvent comme une cible facile, alors je pense que beaucoup d'hommes croient avoir le feu vert. C'est une forme de harcèlement très genrée.»