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La photo choquante du Bataclan, un casse-tête pour les réseaux sociaux

Twitter et Facebook peinent à bannir complètement cette photo, malgré les appels des autorités.

Une photo choquante présentée comme prise à l'intérieur du Bataclan dimanche a été diffusée dimanche sur les réseaux sociaux. On y voit des dizaines de corps gisant sur un sol maculé de sang.

La police nationale et Christiane Taubira ont appelé dimanche à ne pas diffuser toute image de ce type.

"J'ai appris la diffusion d'images de corps. J'appelle au respect de la dignité des personnes décédées, de leurs familles."

Par respect pour les victimes et leurs familles, ne contribuez pas à la diffusion des photos des scènes de crime #AttackParis #fusillade

De nombreux internautes, souvent indignés qu'un tel cliché soit partagé, nous ont sollicité tout au long de la journée pour savoir s'il s'agissait d'une photo authentique ou non.

Contactés par BuzzFeed dimanche, le bureau du procureur de Paris et la préfecture de police n'ont pas souhaité répondre à cette question pour l'heure.

Nous avons également signalé cette image à Twitter et Facebook.

- Facebook en a supprimé une copie dès dimanche après notre signalement sur un statut publié sur une page d'extrême droite.

D'autres internautes nous ont néanmoins raconté, ainsi qu'à 20 Minutes, n'avoir pas eu la même réponse sur leur demande de modération.

D'autres l'ont même vue circuler sur leur fil d'actu Facebook dans une version non-censurée via des liens recommandés, qui émanent de sites d'extrême droite. Voici ce qui s'affichait sous un lien diffusé par le site du quotidien gratuit:

- Twitter n'a pas accédé à notre demande de suppression du tweet de Génération Identitaire Paris avec la photo. La plateforme, qui a une politique d'utilisation très différente de celle de Facebook, a d'abord pris dimanche une mesure d'urgence pour que la photo ne soit pas visible automatiquement dans les fils des utilisateurs. S'affiche, à chaque fois, un avertissement de «contenus choquants».

Toute la problématique de Twitter est que beaucoup de Français voudraient voir cette photo disparaître mais qu'à l'étranger, beaucoup considèrent sa diffusion comme légitime. Des médias l'ont même diffusée, comme The Telegraph, en floutant les corps.

Twitter a en revanche accédé aux demandes des autorités Françaises, qui ont déposé une réquisition judiciaire, visible sur le site de l'ONG Lumen.

Pour les tweets concernés, la photo est alors rendue inaccessible pour les utilisateurs français uniquement et un cadre gris apparaît à place.

- Un porte-parole d'Instagram, interrogé par 20 Minutes, a expliqué que la modération, qui se fait aux États-Unis, peut prendre un certain temps mais a estimé que «c'est évident que la photo doit être supprimée».

Si vous voyez cette photo sur Facebook, Twitter ou ailleurs, vous pouvez vous-même directement la signaler à la plateforme qui l'héberge pour la faire retirer.

À gauche, le bouton «signaler» de Twitter, à droite, celui de Facebook.

Malgré les appels à ne pas partager cette photo, plusieurs comptes d'extrême droite l'ont fait. Damien Rieu, directeur adjoint de la communication de la municipalité FN de Beaucaire, veut faire un parallèle avec la photo du petit Aylan.

Même justification pour l'administrateur du site d'extrême droite fdesouche.com:

C'est pour ne pas stigmatiser les islamistes que vous diffusez la photo d Aylan et nous reprochez de diffuser celle du #Bataclan ?

Si cette photo s'avère authentique, se posera alors la question de son origine. Si son auteur est un membre des forces de l'ordre, il s'expose à des sanctions administratives.

Cela a récemment été le cas pour un officier stagiaire qui avait diffusé une photo macabre d'Hervé Cornara, mort décapité le 26 juin dernier.

Ceux qui diffusent de telles images s'exposent également à des poursuites de la part des familles des victimes, même si le cadre juridique n'est pas simple, expliquait à l'époque Mareva Desbois, en droit à l’image et droit de la presse:

«Le droit à l'image d'une personne décédée est controversé en jurisprudence. La question se pose plutôt en termes de dignité. Les proches de la victime pourraient très bien engager une procédure au nom de la dignité du défunt, mais c'est là aussi controversé, ou bien au nom de leur propre dignité et du respect de leur deuil.»

Mise à jour

Ajout de nouvelles informations sur la modération de Facebook et Twitter mardi matin.

Si vous voyez encore ces liens circuler sur les réseaux sociaux, n'hésitez pas à les signaler aux plateformes concernées et à la rédaction de BuzzFeed (adrien.senecat@buzzfeed.com).

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