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    Pas de recette miracle contre la triche au bac

    Parce qu'en fait, on n'a pas de solution miracle pour empêcher les fuites et la triche.

    On est en juin 2014 et l'utilisatrice de Twitter @_Blandus est accusée dans plusieurs médias d'avoir publié les sujets du bac de philo la veille de l'épreuve.

    L'affaire s'est très vite dégonflée. La jeune fille n'avait publié les sujets qu'à 8h30, heure française, soit 30 minutes après le début de l'épreuve, a expliqué L'Express à l'époque. Ceux à qui Twitter indiquait que son message avait été publié la veille à 23h30 n'avaient simplement pas vu que c'était l'heure américaine qui s'affichait à l'écran. Par ailleurs, l'adolescente s'était contentée de partager ce qu'elle avait lu sur un site d'éducation...

    Soulagement à l'Éducation nationale: pas besoin d'annuler l'épreuve ni d'en organiser une nouvelle. Inutile, donc de remettre complètement en question le fonctionnement d'un examen qui concerne plus de 600.000 lycéens chaque année.

    L'épisode montre tout de même qu'une fuite est vite arrivée et que les nouvelles technologies offrent de nouvelles opportunités de triche. L'Éducation nationale y est-elle suffisamment préparée pour l'année 2015?

    Interrogé par BuzzFeed France, le ministère de l'Education nationale se veut rassurant, statistiques à l'appui:

    On ne peut pas dire que le risque de triche liée aux nouvelles technologies soit massif. En 2014, il y a eu 385 sanctions pour 515 suspicions, dont seulement 31% qui impliquaient un smartphone.

    Bref, les nouvelles technologies n'ont pas éclipsé les traditionnelles antisèches, affirme le ministère (environ 28% des cas).

    Les fuites, quant à elles, existaient bien avant les smartphones. Simplement, les faussaires se contentaient auparavant de se passer les sujets en mains propres, alors qu'on pourrait très bien en voir atterrir en ligne quelques heures avant une épreuve aujourd'hui.

    Il y a quand même eu une hausse sensible des sanctions (environ 20% de plus) par rapport à 2013.

    Mais c'est avant tout parce que la fraude est mieux détectée, plaide le ministère. On y souligne en effet l'effet positif des appareils utilisé depuis 2012 pour détecter les téléphones qui ne seraient pas éteints. Un outil plutôt rare (on n'en compterait que quelques dizaines au niveau national, mais le ministère refuse de donner des chiffres), mais «dissuasif».

    Pour le reste, rien de nouveau en matière de lutte contre la fraude au bac en 2015.

    La prochaine mesure au programme n'entrera en application qu'en 2018. Il s'agit de l'interdiction des calculatrices programmables qui ne seront pas bloquées en «mode examen», à laquelle Rue89 s'intéressait en avril dernier:

    «Il faudra utiliser une calculette de collège, les plates qui ne savent rien faire, ou acheter un modèle équipé d'un « mode examen ». Une machine qui bloque ou efface la mémoire avant le début de l'épreuve et le signifie avec un voyant lumineux.»

    Plus original, une étudiante algérienne a essayé récemment de tricher avec une oreillette satellitaire. Pas de quoi ébranler le ministère en France.

    Sa meilleure arme reste en fait d'insister sur les sanctions qui visent ceux qui se font attraper. En 2015, sur les 385 sanctions prononcées...

    - 30% sont des blâmes

    - 63% sont des interdictions de subir tout examen pour une durée de un ou deux ans

    - 4% sont des suppressions de mentions