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    On vous résume les scandales de pédophilie dans le diocèse du cardinal Barbarin

    BuzzFeed vous explique de A à Z ces scandales qui secouent l'Église et plus particulièrement le cardinal Philippe Barbarin.

    Le diocèse de Lyon, sous l'autorité du cardinal Philippe Barbarin depuis 2002, est mis en cause dans plusieurs affaires de pédophilie en ce début d'année 2016.

    Cette vague de scandales a éclaté le 25 janvier 2016 avec la mise en garde à vue de Bernard Preynat, un prêtre septuagénaire.

    Bernard Preynat est accusé d'avoir violé et agressé sexuellement des enfants alors qu'il dirigeait le groupe de scouts Saint-Luc à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône).

    Le prêtre a reconnu les faits devant le juge d'instruction et a été mis en examen pour «agressions sexuelles et viols sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité». L'affaire concernerait quatre victimes et remonterait aux années 1986-1991.

    De plus, Bernard Preynat a été placé sous le statut de témoin assisté pour des viols présumés sur trois autres mineurs.

    Au-delà des procédures qui visent ce prêtre, c'est la passivité, voire la responsabilité de l'Église qui est en cause. Car les accusations de pédophilie à l'encontre de Bernard Preynat ont éclaté dès les années 90.

    Une enquête de l'AFP qui retrace le parcours de l'ecclésiastique explique qu'un jeune garçon, François Devaux, «avait déjà décrit à ses parents les gestes déplacés dont il dit avoir été la victime» en 1991.

    Sauf qu'«à l'époque, l'affaire se règle par des échanges de courriers entre la famille, le prêtre et le cardinal Albert Decourtray qui prend une mesure d'éloignement».

    Bernard Preynat est alors envoyé chez les Petites Sœurs des Pauvres. Mais il est réintégré par la suite dans des paroisses de la Loire et du Beaujolais. Et un quadragénaire, qui dit avoir été victime d'attouchements de la part du prêtre dans sa jeunesse, découvre en 2014 que ce dernier est toujours au contact d'enfants lors du catéchisme.

    L'homme accusé de pédophilie ne quittera sa paroisse que le 31 août 2015.

    Plusieurs ex-scouts du groupe Saint-Luc se sont réunis dans l'association La Parole Libérée, pour faire reconnaître les faits dont ils disent avoir été victimes, mais aussi pour «lever le voile sur la responsabilité de l'Archevêché de Lyon».

    Dès le début des années 90, le père Preynat passe aux aveux, dans l'un des courriers publiés sur le site de La Parole Libérée, au père d'une victime:

    «Vous savez que je n'ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi aussi une blessure dans mon cœur de prêtre.»

    Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Lyon au sujet d'accusations de «non-dénonciation de crime», qui porte sur plusieurs responsables du diocèse de Lyon, dont le cardinal Barbarin. Les victimes accusent l'Église de ne pas avoir dénoncé Bernard Peyrat à la justice.

    Philippe Barbarin n'est primat des Gaules que depuis 2002, soit après les faits présumés de pédophilie, mais il est aujourd'hui sous le feu des critiques dans cette affaire. Une pétition, ainsi que des articles de presse, réclament sa démission.

    Le cardinal Barbarin a admis dans La Croix avoir été mis au courant une première fois par «une personne qui avait grandi à Sainte-Foy-lès-Lyon» des «comportements du père Preynat», c'est-à-dire des accusations de pédophilie qui remontent à avant 1991 -aucune autre n'est venue s'ajouter depuis.

    Philippe Barbarin a ensuite été contacté par Alexandre, l'une des victimes du père Preynat, le 17 juillet 2014. Alexandra attend une réaction du primat des Gaules. Mais ce n'est que plus d'un an plus tard, le 31 août 2015, que Bernard Preynat quittera ses fonctions.

    Entre-temps, Alexandre a écrit au pape ainsi qu'au procureur, en juin 2015, pour les alerter.

    Autre problème pour l'archévêque de Lyon: une deuxième affaire est venue s'ajouter au cas de Bernard Peyrat, comme l'a révélé Le Figaro lundi 14 mars 2016.

    Il s'agit cette fois d'une nouvelle victime, Pierre, actuellement âgé de 42 ans, qui dit avoir été victime d'attouchements sexuels à 16 ans par le père Jérôme Billioud, de l'ensemble paroissial de la Croix Rousse à Lyon.

    Pierre avait déposé une première plainte contre le prêtre Billioud, classée sans suite pour cause de prescription en 2009. Il en a déposé une deuxième en février 2016, cette fois pour «mise en danger de la vie d'autrui et provocation au suicide» à l'encontre du cardinal Barbarin.

    L'homme qui dit avoir été abusé par Jérôme Billioud affirme aujourd'hui que le cardinal Barbarin «n'a rien fait pour éloigner ce prêtre des autres enfants». Et il explique au Figaro que les témoignages des victimes du père Preynat ont ravivé son traumatisme, ce qui l'a motivé à déposer cette nouvelle plainte.

    Philippe Barbarin, quant à lui, s'est défendu dans un communiqué lundi soir, où il juge ces accusations injustifiées car «il est évident qu'en aucun cas il n'a mis en danger la vie d'autrui, ni encouragé quiconque à se suicider». «Je n'ai jamais couvert le moindre acte de pédophilie», a-t-il martelé à Lourdes mardi 16 mars.

    UPDATE

    Le Parisien raconte ce mercredi 16 mars que le cardinal Barbarin a également promu un prêtre condamné pour pédophilie.

    Ce prêtre, âgé de 55 ans, officiait à Rodez et a été condamné au printemps 2007 à 18 mois de prison avec sursis. Il a ensuite officié dans le Rhône, où il a été promu doyen, en charge de plusieurs paroisse, par Philippe Barbarin.

    «Mgr Barbarin connaissait-t-il le passé judiciaire de son prêtre quand il lui a accordé davantage de responsabilités?», s'interroge Le Parisien. «Il n'a pas envie de répondre à cette question», réplique l'un de ses proches.