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    Le créateur de «House of Cards» répond à toutes nos questions sur la saison 3

    Beau Willimon, scénariste et producteur exécutif de la série, commente les moments forts de la dernière saison. Attention: SPOILERS!

    1. Pourquoi la saison 3 s’ouvre-t-elle sur Frank Underwood (Kevin Spacey) en train d’uriner sur la tombe de son père?

    Saison 3, Épisode 1: «Chapitre 27»

    «L'une des grandes questions que l'on se pose à la fin de la saison 2 est tout de même de savoir si Doug (Michael Kelly) est encore en vie. Certains spectateurs ont tout de suite pensé que Frank venait se recueillir sur la tombe de Doug au cimetière… Ça a prolongé le suspens. Et puis on apprend qu'il ne s'agit pas du tout de Doug. À ce moment-là, on ne sait toujours pas s'il est vivant mais au moins cette tombe n'est pas la sienne. La notion d'héritage est relativement importante pour Frank dans son parcours à la présidence, et même si on ne l'évoque pas directement ici, il soulève quand même un point essentiel en disant: "Lorsqu'ils se présenteront à mon enterrement, ils devront faire la queue, pas comme au tien, toi, mon père raté, auquel personne n'est venu sauf moi".

    Et puis, c'était aussi une façon d'amener un peu d'humour irrévérencieux. Je savais que cette saison allait prendre une approche stylistique et un ton différents, que nous allions vraiment pénétrer dans le voyage émotionnel des personnages. D'emblée, j'ai voulu donner aux spectateurs un peu de comédie et de détente avant de plonger dans un passage plus lugubre qui se focaliserait sur Doug Stamper. Je savais que nous n'allions pas voir Francis pendant ce temps-là, sauf à la télé, et je voulais rassurer les spectateurs sur le fait qu'ils allaient le revoir dans cet épisode, même s'il en était absent un petit moment.»

    2. Était-il d'emblée prévu que Doug survive?

    Saison 3, Épisode 1: «Chapitre 27»

    «Pendant un temps, à la fin de la saison 2, on a flirté avec l'idée qu'il soit mort. En évoquant le cheminement de Doug dans la saison 2, on savait que Rachel Posner (Rachel Brosnahan) posait problème. Nous étions vraiment intéressés par cette relation bizarre qui était en train de se former entre eux et qui est difficile à écrire: était-ce juste sexuel? Plus comme un lien paternel? Était-ce lié à la solitude? Ou même un mélange des trois? Mais en fin de compte, Rachel n'était qu'un détail à régler… et on sait bien comment les Underwood – et donc Doug Stamper par extension – règlent ce genre de détails.

    Du coup, à la fin de la saison 2, nous avons naturellement pensé que Doug devait tuer Rachel. Et quand nous avons un élément dramatique comme celui-là entre les mains, mon premier réflexe est toujours de me demander: "Quelle est l'idée inverse? Est-ce que l'idée inverse est vraiment nulle, ou est-ce que c'est encore mieux?". L'idée inverse était donc que Rachel tue Doug.

    On ne savait ni comment ni pourquoi mais après avoir lancé l'idée – un sacrilège, puisque c'est un personnage que nous aimions tant – tout le monde est resté bouche-bée. C'était une idée tellement provocante que j'ai ajouté: "Vous savez ce que ça veut dire? Il faut qu'elle meure, il faut qu'on la fasse mourir. Si ça nous affecte à ce point rien que d'en parler, imaginez un peu ce que ça va donner à l'écran!"

    On en a parlé pendant une bonne demi-journée. Pouvait-on vraiment faire ça? Pourrait-on encore se regarder dans le miroir après? Était-ce vraiment une bonne chose pour le déroulement de l'histoire? On ne voulait pas faire de la provoc' pour faire de la provoc'. Et puis, on s'est rendu compte qu'on pouvait en fait combiner les deux. Ça nous a permis d'imaginer une histoire où Doug est sur le point de tuer Rachel mais où elle parvient à retourner la situation. Sa mort était donc envisageable mais nous avons tourné les choses de telle façon qu'il était tout à fait possible pour lui de revenir dans la saison 3. Quand nous en sommes arrivés à ce stade du scénario, nous nous sommes rendu compte que c'était la meilleure option, car nous pouvions inclure tout à la fois.»

    3. Dîtes-nous en plus sur Doug et sa seringue d’alcool

    Saison 3, Épisode 1: «Chapitre 27»

    «Je peux parler d'expérience sur ce point-là, pas parce que j'ai bu du whisky à la seringue mais parce que j'ai dû passer par un sevrage. Ça fait 15 ans que je n'ai pas touché à l'alcool mais l'idée de contrôle est devenue centrale dans ma vie. Le contrôle a toujours été essentiel chez Doug; la loyauté et le contrôle sont les deux aspects qui lui apportent une certaine stabilité. Il est sur le point de prendre une décision qui va le faire rechuter; il tourne le dos à 15 ans de sobriété mais il faut que cette décision lui paraisse rationnelle. En faisant des calculs précis, en utilisant une seringue au lieu de boire directement au goulot, en mettant celle-ci dans les mains de quelqu'un d'autre… c'est sa façon à lui de voir cette pratique comme médicinale, comme une façon de traiter sa douleur qui soit différente du fait de boire, aussi tordu et étrange que cela puisse paraître. Il va faire tout ce qui est possible pour que la stratégie qu'il adopte, rationnelle ou irrationnelle, lui paraisse tolérable».

    4. Que se passe-t-il exactement lors de cette scène de sexe entre Frank et Claire Underwood (Robin Wright) dans l’épisode 2?

    Saison 3, Épisode 2: «Chapitre 28»

    «C'est la première fois que l'on voit les Underwood coucher ensemble. Ce n'est pas qu'ils ne l'ont jamais fait avant bien sûr, c'est simplement que nous ne l'avons jamais montré. Et puis, de manière générale, nous n'introduisons pas de scènes de sexe dans la série sauf si elles apportent un développement intéressant à l'histoire et qu'elles révèlent des éléments nouveaux sur les personnages. Pas parce qu'on est prudes mais on ne veut pas mettre du sexe pour du sexe.

    Dans cette scène, Frank nous apparait plus vulnérable que jamais quand Claire – que l'on a vue très sûre d'elle pendant tout l'épisode – le retrouve; à cet instant précis, ils ne peuvent être plus différents dans leur façon d'approcher les défis qui se présentent à eux. Pour dire les choses de façon un peu crue, on a évoqué cette scène comme un moment où Claire lui réinjecterait de l'espoir grâce au sexe.

    Le sexe, comme tout le reste, est un domaine de transactions. Je dis souvent que l'amour est affaire de transactions et je vois les gens hausser les sourcils; ils se disent que c'est une façon assez sèche de concevoir l'amour mais ce n'est pas ma façon de voir les choses. Si je donne mon amour à quelqu'un, j'attends le sien en retour. Si je lui donne ma vulnérabilité, j'espère obtenir sa force en retour, et vice versa… comme un pacte. Et quand les deux côtés offrent le même degré d'amour, de vulnérabilité et de force, alors ça marche. C'est merveilleux. C'est quand c'est mal équilibré que les problèmes arrivent.

    Dans ce cas précis, on assiste à un bel équilibre: Frank se trouve dans une position vulnérable alors que Claire est pleine de force. Lors de cette scène où ils consomment leur union, elle lui donne la force dont il a besoin. Même si ça peut sembler agressif, c'est aussi – à mes yeux – incroyablement tendre et beau. Peut-être que certaines personnes ne l'ont pas vu ainsi mais c'est ce qu'on cherchait à montrer ».

    5. Pourquoi avoir choisi de mettre la politique anti-homosexualité de la Russie au premier plan dans la saison 3?

    Saison 3, Épisode 3: «Chapitre 29»

    «Nous avons commencé à travailler sur la saison 3 il y a plus d'un an. Ce qui me préoccupait le plus à ce moment-là, c'est que la Russie n'intéresserait personne car on n'en entendait pas parler dans les médias. Je voulais que la trame internationale du scénario repose sur la Russie, et la seule chose qui se passait là-bas à l'époque, c'était les Jeux Olympiques de Sochi… Mais je trouvais que le personnage était fort et que le scénario fonctionnait bien, alors j'ai conservé l'idée. Les affrontements entre l'Ukraine et la Crimée ont débuté après que nous ayons développé notre histoire, ce qui est une coïncidence vraiment étrange et presque inquiétante.

    L'histoire avec la vallée du Jourdain et les troupes russes occupant un territoire sans en avoir le droit – ce qui est très similaire à ce qui se passe aujourd'hui – n'était que pure invention. Ce n'était en aucun cas basé sur une réalité dont nous étions témoins. Par contre, ce que nous n'avons pas inventé, c'est cette loi russe vraiment étrange qui stipule que faire la propagande de l'homosexualité aux enfants est contre la loi. Je ne sais pas ce que cela signifie et c'est bien ce qui est problématique: cette loi peut être utilisée comme un procédé autoritaire. Du coup, on a trouvé que c'était une excellente façon de refléter le régime dont Petrov (Lars Mikkelsen) était le leader, plus pour notre histoire que pour émettre un véritable jugement sur la situation. Nous nous sommes dit que cela serait vraiment fascinant si Petrov n'appliquait pas la loi à cause de son propre système de croyance mais plus comme un outil politique. Ça crée une dynamique vraiment intéressante où cette loi lui permet d'arrêter un Américain qu'il peut utiliser comme un pion pour des projets bien plus ambitieux

    Le vrai débat qui se déroule dans l'épisode 6 entre Francis et Petrov n'a rien à voir avec cette loi. Il concerne en fait des choses bien plus importantes et cette loi n'est qu'une pièce du puzzle. Alors que pour Claire et Michael Corrigan (Christian Camargo), c'est cette loi qui est importante, car ce type est emprisonné sans aucun espoir de retrouver sa liberté sauf s'il accepte de complètement piétiner ses propres convictions. On est allé chercher ces choses très réalistes parce que ça nous permettait d'avoir accès à une dynamique complexe».

    6. A-t-il été difficile de faire jouer Nadezhda Tolokonnikova et Maria Alyoknina des Pussy Riot dans la série?

    Saison 3, Épisode 3: «Chapitre 29»

    «À vrai dire, ça a été assez simple. J'assistais à un gala caritatif en l'honneur des Pussy Riot et je suis directement allé les voir. J'étais déjà en train de réfléchir au scénario de la saison 3 et quand je les ai vues, je me suis dit qu'il pourrait y avoir une place pour elles dans la série. J'avais déjà en tête l'épisode avec le dîner d'Etat et je voulais apporter un élément perturbateur. Elles m'ont semblées parfaites!

    Du coup, je suis allé les voir, je leur ai dit que j'étais le créateur de House of Cards, et il s'est trouvé qu'elles étaient fans de la série et avaient regardé des épisodes dans l'avion! J'ai ajouté: «Ça vous dirait de venir discuter avec les scénaristes? Je voudrais avoir votre opinion sur la trame de l'histoire et vous faire jouer dans l'un des épisodes, si ça vous intéresse». Elles étaient complètement partantes. Elles sont venues, on a discuté pendant quatre heures, on leur a expliqué toute l'histoire et le tour était joué. Ce sont des personnes remarquables. On s'est amusés sur cet épisode mais il ne faut pas oublier qu'elles ont passé deux ans en prison et ont entamé de multiples grèves de la faim. Elles s'exposent vraiment afin d'être entendues, et ce d'une façon particulièrement courageuse».

    7. Comment en êtes-vous venu à créer America Works?

    Saison 3, Épisode 5: «Chapitre 31»

    «Il nous a fallu des semaines de recherches et de discussions avec un bon nombre d'experts. Nous avons parlé à des économistes, des professeurs, des stratèges, des membres du Congrès… et doucement mais sûrement, nous avons monté quelque chose. On ne voit que la partie émergée de l'iceberg dans cette saison car on ne voulait pas perdre de temps à s'aventurer trop profondément dans ce genre de choses… ça aurait ralenti le déroulement de l'histoire. Nous voulions juste donner les éléments nécessaires pour souligner ce que Francis tentait de mettre en place et l'étendue de ce qu'il faisait, mais pour vous montrer la partie émergée de l'iceberg, il nous a fallu travailler sur l'énorme partie immergée.

    Nous voulions que Francis fasse quelque chose d'ambitieux, de gigantesque, et je n'arrêtais pas de parler du New Deal (ou la Nouvelle donne), qui est probablement le plus gros texte de législation nationale que le pays ait connu, après la Proclamation d'émancipation peut-être. Nous trouvions qu'un projet de cette ampleur correspondait bien à Frank Underwood. Nous voulions quelque chose de clair, quelque chose qui touche déjà beaucoup les gens, qui soit un problème récurrent aux États-Unis, à l'image du problème de la couverture santé. Nous avons commencé par lancer toutes nos idées les plus folles et ridicules, et puis en parlant avec les experts, nous les avons fait évoluer vers quelque chose de plus réaliste.

    En réalité, il serait quasiment impossible de faire passer un projet de cette ampleur au Congrès mais Francis, c'est le mec qui vous sort: «Vous me dîtes que c'est impossible? Eh bien, regardez un peu». D'ailleurs, des projets similaires à America Works existent bel et bien quelque part. Il s'agit de l'une des idées les plus extrêmes en matière de lutte contre le chômage mais nous avons pensé qu'il serait intéressant de mélanger des éléments d'un plan très conservateur (les droits sociaux nous conduisent vers la banqueroute, il faut donc les repenser ou les réduire considérablement) et une notion presque marxiste (le gouvernement donnera un emploi à qui voudra). On a quelque chose qui poserait problème à tout le monde mais qui comporte un élément qui plait à tous. Et ça, Underwood sait faire».

    8. Pourquoi Claire s’est-elle teint les cheveux?

    Saison 3, Épisode 7: «Chapitre 33»

    «Frank et Claire doivent agir pour sauver leur mariage, d'où leur décision de renouveler leurs vœux. En revenant à sa couleur naturelle, qui est celle qu'elle avait lors de son mariage avec Frank, Claire rend hommage à ce moment de sa vie, à son identité. Puis quelques épisodes plus tard, quand un directeur de campagne lui dit "Dans l'Iowa, on vous préférait bien plus en blonde", pile au moment où elle vient de quitter son poste d'ambassadrice à l'ONU, elle se retrouve réduite à sa couleur de cheveux.

    Aucun des personnages de House of Cards ne se base sur des personnes de la vie réelle mais j'ai tout de même l'impression qu'il y a une analogie assez forte dans ce cas précis. Si l'on pense à Hillary Clinton lors du premier mandat de Bill, on se souvient qu'elle voulait s'attaquer au système de couverture santé. Beaucoup de gens disaient qu'elle n'avait pas l'expérience requise, qu'il s'agissait de népotisme, qu'elle n'avait aucun droit de faire ça et que le président se montrait bien imprudent sur un sujet aussi important. Finalement, ça n'a pas fonctionné et on a vu apparaître une campagne qui la montrait en première dame, affairée à la maison, célébrant son rôle de mère. Il existe des photos d'elle en train de faire des cookies peu après qu'elle ait décidé de s'attaquer à un problème que de nombreux présidents n'avaient pas réussi à résoudre avant Clinton.

    C'est l'une des particularités du rôle de première dame. À l'inverse de beaucoup de personnes travaillant en politique, la première dame détient énormément d'influence et de pouvoir de par le statut de son mari mais on attend aussi d'elle qu'elle soit une dame. Son apparence est passée à la loupe; des articles s'intéressent à ce qu'elle porte, à sa coiffure… Ça en devient presque absurde. Si elle souhaite tenir une place importante, réaliser de grandes choses et que les gens la réduise à sa couleur de cheveux, imaginez ce qu'elle doit ressentir. Claire a fait ce choix personnel pour une raison très intime et elle se trouve contrainte de faire marche arrière car les attentes des gens sont différentes. On décide souvent de se raser, d'adopter une nouvelle coupe de cheveux ou de passer un nouveau pull pour le sentiment de bien-être que cela nous procure, mais quand on travaille en politique – et surtout quand on est première dame – on ne jouit pas de cette liberté».

    9. Cashew était la vraie star de la saison 2. Vous êtes-vous sentis obligés de faire plaisir au public en donnant une vraie conclusion à son histoire?

    Saison 3, Épisode 10: «Chapitre 36»

    «Nous n'aimons pas laisser de personnages en suspension, même quand il s'agit de cochons d'Inde. Cashew nous manquait tout autant qu'à vous. Nous nous sommes posé toutes les questions possibles et imaginables, dont celle de savoir ce qu'il adviendrait de Cashew si Gavin (Jimmy Simpson) quittait le territoire. Je pense que cette scène combine le plaisir d'entrevoir Cashew et celui de comprendre le personnage plus en profondeur. Le fait que Gavin puisse envisager de laisser Cashew à quelqu'un qui s'en occuperait à sa place dit quelque chose sur le personnage».

    10. Suzie (Annie Parisse) dit à Claire: «Si seulement vous vous présentiez à l'élection…». Claire envisage-t-elle de devenir présidente?

    Saison 3, Épisode 12: «Chapitre 38»

    «Je ne répondrai pas à cette question car je pense qu'il est plus intéressant de laisser planer le doute. Cela étant dit, j'ai déjà été dans le Bureau ovale et en observant cette chaise, on se demande vraiment ce que ça serait d'y être assis, ce que ça ferait de porter tout le poids du monde sur ses épaules. Dans la saison 1, on assiste même à un moment où Jim Matthews (Dan Ziskie) se rend dans le bureau et s'assoit sur la chaise; comment s'en empêcher? Il est totalement naturel pour le public de se poser ces questions et de penser que Claire puisse y réfléchir aussi».

    11. Comme on ne voit que son oreille, certains internautes se demandent si c’est bien Rachel que Doug enterre. Pouvez-vous confirmer?

    Saison 3, Épisode 13: «Chapitre 39»

    «On peut tous faire des arrêts sur image maintenant. Peut-être que c'est parce que je connaissais l'intention du personnage, mais je pense que le sort de Rachel a été présenté de façon relativement claire. On voit Doug jeter de la terre sur le visage d'une jeune femme, donc à moins qu'il ne se soit pas arrêté devant Rachel, qu'il soit tombé sur une autre fille qu'on ne connait pas, qu'il l'ait tuée et enterrée, je ne vois pas… Je crois que ce serait le seul moyen possible de s'en sortir si on voulait la faire revenir, mais je pense qu'on peut dire sans trop de doutes que ce n'est pas ce que nous avons voulu faire.

    Pour être honnête, la tuer ou non est une décision avec laquelle je me suis débattu tout au long de la saison. Pendant un long moment, il était prévu que Doug la laisse s'en aller. Elle devait le convaincre qu'elle n'était pas un frein pour lui, qu'il pouvait lui faire confiance et qu'elle disparaitrait à jamais. Mais en filmant plus de scènes sur le côté humain de Stamper et en explorant des facettes de sa personnalité auxquelles nous n'avions pas eu accès auparavant – qui venaient contrebalancer l'image d'homme de main au sang-froid qu'on lui attribuait jusque-là –, l'autoriser à laisser Rachel partir aurait été trahir son personnage.

    Parce que sa trajectoire, pendant toute cette saison, consistait à lui faire retrouver sa place dans le moule. Il fallait qu'il la mérite et le seul moyen possible pour y arriver était de devenir frère de sang avec son patron».

    12. Qu’est-ce que la rupture de Claire et Frank signifie pour la suite de la série?

    Saison 3, Épisode 13: «Chapitre 39»

    «Tout ce que je peux dire, c'est que le mariage a toujours été au centre de cette série. À ce moment précis, on constate que le mariage de Frank et Claire se trouve dans la pire situation de son histoire, c'est-à-dire qu'il est potentiellement terminé. Si la série se poursuit, les questions seront donc: est-il possible pour ces deux personnages de survivre tout seuls? Vont-ils se remettre ensemble? Que se passe-t-il quand les Underwood ne se serrent pas les coudes? Si ce sont les questions que vous vous posez, bonne pioche, car c'est exactement ce qu'on veut!

    Je demande ici et là ce que les gens pensent de la saison, et je remarque qu'elle a été polarisante pour certains. Une partie du public regrette les machinations politiques et aimerait retrouver ce duo tel qu'on l'a toujours connu, invincible. Ce qui est assez compréhensible. Les gens aiment voir ce qu'on les a habitués à voir. Cependant, nous voulions essayer quelque chose de nouveau. Il aurait vraiment été dommage de ne pas apporter quelque chose de différent dans le style et dans le ton, et de ne pas explorer la richesse de ces personnages. On avait l'impression qu'on se le devait et qu'il nous fallait emmener notre public sur ce terrain-là. C'est très intéressant parce que ça nous conduit au cœur de ce que la série raconte. On se rend compte qu'elle se concentre vraiment sur ce mariage et pas tant que ça sur l'aspect politique. J'espère sincèrement que le public va nous suivre sur ces décisions, car elles peuvent nous emmener sur des pistes passionnantes si la série est reconduite».

    La saison 3 de House of Cards est disponible sur Canal +.