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    On a testé les bars les plus «branchés» de Paris pour voir s'ils étaient si cool que ça

    Deux meufs, sept bars... et une guêpe.

    À force de classements en tout genre sur les ~bars les plus branchés de la capitale~, on n'est plus trop sûrs de savoir quels sont ceux qui sont vraiment incontournables. Sachant que Paris compte plus de 1200 bars en moyenne, plus ceux qui ouvrent tous les mois et les éphémères... on perd un peu la boule.

    Profitant de la désertification parisienne en plein mois d'août, nous avons donc décidé de mettre à l'épreuve la réputation des bars qui se retrouvent le plus souvent dans ce type de classement. Nous avons bravé les éléments, repoussé des attaques de guêpes tueuses, parcouru des dizaines* de kilomètres et affronté les épreuves de la gueule de bois au boulot. Tout ça pour rétablir ENFIN la vérité.

    *OK genre 4 kilomètres. Mais QUAND MÊME.

    LES RÈGLES DU BARATHON:

    - En une soirée, se rendre dans 9 des bars les plus branchés de Paris et essayer la spécialité de la maison dans chaque bar — même si ça a l'air dégueulasse

    - Prendre un nombre obscène de photos et selfies sous le regard méprisant des serveurs tatoués et Parisiens branchés

    - Ne pas avaler de guêpe

    - Ne pas vomir

    - Ne pas envoyer de SMS bourrées à notre boss

    Et c'est ainsi que débuta notre quête d'ivresse et de branchitude, un jeudi soir à 17h30.

    Bar 1: Rosa Bonheur

    17h40: Nous arrivons au premier bar de la liste, situé à l'intérieur du parc des Buttes Chaumont. Il fait 35 degrés et nos cuisses pleurent des larmes de sueur. Premier coup d'œil à la carte: ici, on sert principalement de la bière, et des mojitos bio. DES MOJITOS BIO. Sérieusement? On est où là? Vous croyez vraiment que quand on se bourre la gueule, la première priorité est la provenance de la menthe?

    Bref. On décide de commander un «Rosa Summer», la spécialité: vin blanc sucré, ginger beer, pamplemousse et eau gazeuse.

    Le cocktail est très frais, bien dosé, et surtout, il ne coûte que 5 euros. On est contentes.

    17h45: Parce que c'est l'été et que nous sommes clairement maudites, une connasse de guêpe décide de gâcher la fête et de se suicider dans le verre de Jennifer. Le premier d'une longue série d'assauts.

    À. CHAQUE. FOIS.

    Traumatisées par ce hara-kiri mandibulé, nous décidons de finir notre cocktail en vitesse et de passer au deuxième bar.

    Bar 2: Le Perchoir.

    18h02: On est toujours au taquet pour le deuxième bar, surtout que le cocktail du Rosa Bonheur était le démarrage parfait. Conscientes que Le Perchoir est LE rooftop pour lequel tous les Parisiens sont prêts à faire la queue 1h, on s'était dit que pour un 13 août, ça irait… La blaguounette. On a quand même fait la queue 4 minutes 30, ce qui est déjà trop.

    18h06: On doit passer notre tour devant l'ascenseur TROP PETIT et prendre le suivant, direction le 7ème étage. Une fois au sommet, la sonnette retentit, les portes s'ouvrent, et là: VLAN. UNE PUTAIN D'AVERSE DANS LA GUEULE. Ça commence bien.

    18h10: Après avoir sorti nos parapluies et s'être serrées dans un tout petit recoin du chapiteau qui abrite le bar, on décide de contempler la carte. Pendant 10 minutes.

    «Shakespear - ce que la poste a fait de mieux»: what?

    18h20: Ce sera un «Better With Bitter» pour Anais et un «Géant Vert» pourJennifer qui s'est fait avoir par le nom et par un ingrédient phare, le concombre. Bullshit. En fait, l'ingrédient phare c'était de l'anis. De l'anis! QUI MET DE L'ANIS DANS UN COCKTAIL? QUI? POURQUOI? Dégoût, larmes, tristesse donc pour ce cocktail plutôt décevant. L'autre était beaucoup plus frais, mais sans grande folie. En gros 13 balles pour un cocktail sans grande saveur, sur un rooftop, avec des touristes, la pluie comme invitée et des attaques incessantes de guêpes. Ce barathon est clairement un grand succès.

    Heureusement, les serveurs sont agréables et efficaces.

    En fait, chose rare pour être notable, tout le staff était très sympa. Le genre qui te laisse charger ton portable sans rechigner, avec le sourire. Ça fait du bien.

    18h37: On est trempées, déprimées, et pas du tout bourrées. Next.

    Bar 3: Point FMR

    19h20: Visiblement, tous les Parisiens branchés sont au Point FMR. C'est sans doute l'odeur de pisse, les graffitis fânés et les bières trop chères qui les attirent. Pendant que notre ~photographe officielle~ fait la queue au bar, on en profite pour soulager nos pauvres vessies dans l'antre caverneuse et maléfique du Point FMR que certains appellent «toilettes». 18 maladies vénériennes plus tard, il est l'heure de boire notre troisième cocktail.

    Le cocktail du jour: des Spritz à 5 euros.

    Premier constat: ce Spritz est dégueulasse.

    Deuxième constat: ce Spritz est DÉGUEULASSE. Il est fait avec du VIN BLANC à la place du prosecco, et ça se sent. QUEL AFFRONT. Nous sommes outrées. Jennifer abandonne en cours de Spritz et Anaïs se sert du fond du sien pour éteindre sa cigarette. Ce Spritz ne nous respecte pas, et nous le lui rendons bien.

    Bar 4: Le Comptoir général.

    20h30: Ce qui est bien avec le Comptoir général, c'est que peu importe le nombre de fois où on peut y mettre les pieds, ça fait toujours un effet de surprise. Un lieu assez unique dans son genre à Paris avec une déco canon et de la bonne musique. Les gens sont tranquilles, des enfants dansent, l'ambiance est cool. Que demande le peuple?

    20h31: Seul problème: comme d'habitude, jamais de place pour s'asseoir. Pourquoi n'y a t-il JAMAIS de places dans un lieu aussi spacieux?! Que quelqu'un nous explique.

    20h37: C'est l'heure de boire.

    On opte pour un «Italo Disco» à 10 euros, avec crème framboise, passion et Lemace. C'est original, sucré et délicieux: certainement l'un des meilleurs cocktails de la soirée.

    OUPS.

    Non je suis pas bourrée c'est toi qui es bourrée.

    21h05: Vu qu’on ne peut pas s'asseoir, notre cocktail sera bu aussi vite qu’il a été commandé. Une demi-douzaine de pauses pipi préventives, et c'est reparti.

    On monte dans un taxi très sympa qui nous amène à notre prochaine destination. On lui raconte la fois où on a pris un vol Easy Jet avec Vincent Lindon. Ça le fait marrer.

    Bar 5: Ground Control

    21h35: Arrivée au Ground Control, où l'on pourrait se croire à Berlin le temps d'un verre.

    La devanture ne laisse rien paraître, mais c'est derrière une usine désaffectée que se cache l'un des endroits les plus cools du moment— seulement le temps d'un été, puisqu'il s'agit d'un bar éphémère. L'espace est très grand, la population est mixte et il y a une bonne ambiance: on peut difficilement rêver mieux.

    21h40: OH. MY. GOD. Il n'y a pas de cocktails, c'est la panique totale, comment va t-on continuer ce barathon? On respire un bon coup et notre choix va finalement se porter pour une bière blanche 1664. Très bonne, très fraîche, la bière française est toujours un bon choix.

    21h45: C'est pas qu'on commence à être pompettes, mais quand même. C'est donc le moment de se sustenter. Heureusement derrière nous se trouve une tratorria avec pizza fraîches: parfait pour éponger l'alcool. Résultat des courses: deux pizzas... pour 27 euros, ce qui est légèrement scandaleux et nous rappelle que non, on n'est clairement pas à Berlin.

    21h55: Il pleut des cordes. En même temps que l'arrivée de nos pizzas. Du coup, ce sera pizzas boursouflées par la pluie et bières diluées, mais c'est pas grave on est bourrées, plus rien ne nous atteint. Les pizzas sont délicieuses, mais on ne sait pas vraiment si c'est l'alcool et la faim qui parlent ou si c'est vraiment bon. Le mystère reste entier…

    Ce moment où tu te demandes pourquoi avoir choisi un jour de pluie pour faire un barathon avec la plupart des bars en extérieur. Pourquoi?

    22h10: Nos notes à ce moment de la soirée: «gros pipi, toilettes dégueulasses, bourrées. Si les bites de Michael Fassbender et Tom Hardy faisaient une bataille de pouces, qui gagnerait?» Bref, tout va très bien.

    Bar 6: La Candelaria

    23h: Pour accéder à La Candelaria, il faut passer par une taqueria du Marais. Dès qu'on pousse la porte du speak-easy, on sent immédiatement la branchitude nous envahir, comme si le saint esprit du cool nous avait touchées de sa main tatouée.

    Mais on a beau être super branchées, on se rend très vite compte d'un gros problème: il fait 48.000 degrés dans ce bar. Après 5 cocktails, la chaleur nous assomme et nous retourne l'estomac. Le saint esprit de la coolitude a été remplacé par la déesse des bouffées de chaleur.

    La carte rattrape le coup, grâce aux noms des cocktails: Rosemary's Baby, Orange Is The New Black... Il y a même un Rhum Gosling <3

    La serveuse secoue son shaker en ondulant comme une danseuse orientale. Je sais pas si c'est la chaleur mais on est un peu hypnotisées par son charme.

    Malheureusement, on déchante vite: les cocktails, en plus de coûter 14 euros, sont beaucoup trop forts. Chacun de nos pores sue le martyr, et le Orange Is The New Black a un goût de liquide vaisselle et de regret. On vole une carafe d'eau derrière le bar et on la descend en deux minutes chrono. Anaïs est au bord de l'évanouissement, se roule par terre et crie «partez sans moi, sauvez-vous tant qu'il est encore temps!»*.

    On décide de partir avant de se transformer en flaques de désespoir.

    *basé sur des faits réels

    Bar 7: Experimental Cocktail Club

    00h00: Après la déception de voir le Lockwood fermé (non en fait on était super contentes), on arrive un peu en traînant des pieds à l'Expérimental, ce lieu qui fait depuis quelques années le plaisir des amoureux des cocktails.

    Pas d'enseigne ni de bruit à l'entrée, on salue le videur et on repousse les lourds rideaux noirs qui cachent la porte. L'endroit est plutôt sombre, pas très grand, ça donne un peu l'impression d'être dans une société secrète / soirée Eyes Wide Shut, les touristes en plus.

    00h15: On décide de prendre un cocktail un peu chelou au persil, et un autre du nom de «L’expérience», au citron et au basilic. Pas mal.

    00h35: Après avoir été subjuguées par la serveuse aux doigts de fée, on se dit que cet endroit est vraiment agréable, avec de la bonne musique et des gens plutôt sympas malgré leur apparence guindée. Bon, le DJ a installé ses platines sur un piano, mais on ne lui en tiendra pas rigueur.

    Verdict: le cocktail au persil est un peu étrange à la première gorgée, mais devient très intéressant ensuite. Même si on ne voit pas trop qui voudrait se bourrer la gueule avec ce genre de mélange. Vomir du persil? Non merci. Quant à «L'expérience», il tient largement ses promesses et s'avère très léger, ce qui est un soulagement vu qu'on en est au SEPTIÈME bar de la soirée, que nos cuisses souffrent et que l'on se rapproche inexorablement d'une mort certaine.

    Il se fait tard, on discute un peu avec le videur et on se traîne en poussant de longs râles rauques vers le dernier bar de la soirée — le Andy Wahloo.

    1h10: le Andy Wahloo est fermé pour l'été. Nous nous effondrons à même le trottoir, en larmes et en sang, soulagées de pouvoir en finir.

    S'ensuit une inexplicable crise d'hystérie, durant laquelle nous arpentons les rues en chantant du DJ Khaled et en riant aux éclats.

    La folie et l'épuisement ont eu raison de nous. On rentre se coucher en buvant des litres et des litres d'eau, priant pour un réveil clément.

    À l'heure où nous écrivons ces lignes, courbaturées et légèrement nauséeuses, nous sommes soulagées d'avoir survécu sans trop de séquelles à ce barathon.

    Bon ok, on est #mortesàlintérieur

    Au final, nous avons résisté avec courage à la pluie, aux guêpes et aux cocktails à l'anis. Certains bars, comme l'Experimental Cocktail Club et le Comptoir Général, nous ont agréablement surprises, d'autres nous ont déçues (du vin blanc dans le Spritz??? Get your shit together, Point FMR).

    Ce qu'on retient de tout ça? Si beaucoup de bars à Paris sont branchés, il n'y en a que très peu qui sont vraiment cools = bonne ambiance, population variée, service agréable mais surtout avec un rapport qualité/prix HONNÊTE. Oui, parce que qui a concrètement envie de payer son cocktail 14 euros dans un sauna bondé de touristes? Certainement pas nous. Et certainement pas vous.

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