Aller directement au contenu

    À Marseille, les taxis font la chasse aux chauffeurs UberPop

    Dans des vidéos virales diffusées sur Facebook, on voit par exemple des taxis dégonfler des pneus et casser un œuf sur la tête d'un des chauffeurs d'Uber.

    BuzzFeed France, a joint, après publication de l'article, un porte-parole d'Uber en France. Sa réaction a été ajoutée à l'article.

    Les chauffeurs de taxis marseillais ne veulent pas de la concurrence d'Uber.

    Alors que l'entreprise basée à San Francisco vient d'annoncer le lancement de son appli UberPop à Strasbourg, Nantes et Marseille, les taxis veulent faire entendre leur colère. Ils ont ainsi protesté lundi en perturbant une journée de recrutement de chauffeurs de la société, raconte Libération.

    Contrairement aux services traditionnels d'Uber, qui proposent des véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), UberPop permet à n'importe quel conducteur de s'improviser chauffeur.

    Le ministère de l'Intérieur considère UberPop comme contraire à la loi depuis la loi Thévenoud du 1er janvier 2015. C'est pour cela que des dizaines de chauffeurs UberPop ont été arrêtés ces derniers mois. Malgré cela, Uber brave l'interdiction et multiplie les recours juridiques, ce qui ne protège pas ses chauffeurs en attendant.

    Certains taxis sont allés plus loin en prenant directement à partie des chauffeurs UberPop dans des vidéos diffusées sur Facebook, dont celle-ci, déjà vue plus de 100.000 fois.

    Facebook: video.php

    On voit ainsi sur ces images plusieurs chauffeurs de taxis encercler le véhicule d'un chauffeur UberPop qu'ils ont eux-mêmes contacté.

    Ils lui dégonflent ses pneus, le prennent à partie verbalement puis lui demandent d'aller se garer un peu plus loin, où l'attendent en fait quelques dizaines de taxis en colère.

    «S'il y a des prétendants à Uber, regardez bien ce qui vous attend», lance l'une des personnes qui encerclent le chauffeur UberPop.

    «Tu peux le dire à ton patron on va tous vous niquer. On va vous piéger, comme des rats», lance un chauffeur de taxi.

    Quelques secondes plus tard, un autre écrase un oeuf sur la tête du chauffeur UberPop.

    D'autres vidéos qui circulaient sur Facebook ont par ailleurs été retirées ou rendues privées.

    Frédéric Guenou, président de l'union des taxis indépendants de France à Marseille, justifie ces méthodes, auprès de BuzzFeed France:

    «Écoutez, puisque le gouvernement ne fait pas son travail, on fait le leur. Nous ce qu'on demande, c'est de faire interdire tous les gens qui travaillent au noir, on s'en fout que ce soit UberPop ou un autre. On en a arrêté sept depuis lundi, dont un qui avait un bracelet électronique.»

    Interrogé par BuzzFeed France, Thomas Meister, un porte-parole d'Uber en France précise que le chauffeur présent sur la vidéo est «indemne», mais «a porté plainte» , sans être en mesure d'indiquer pour quel motif.

    «La voiture n'a pas été emmenée à la fourrière, comme ses pneux étaient creuvés, c'est la police qui a dû la déplacer», assure-t-il. Selon lui l'application est déjà «un succès à Marseille» et «on ne se laissera pas intimider. Ce ne sont pas les taxis qui font la loi».

    Thomas Meister s'oppose également à l'idée selon laquelle son entreprise ne respecterait pas la loi:

    «Aucun juge n'a dit pour l'instant que le service UberPop est illégal. Notre interprétation de la loi Thévenoud, qui est entrée en vigueur au 1er janvier dernier, c'est qu'UberPop ne pose pas de problème aux yeux de la loi. La préfecture de police de Marseille en a une autre, mais c'est à la justice de trancher, pas à l'exécutif.»

    Contactées par BuzzFeed France, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône et la police marseillaise n'ont pas donné suite à nos sollicitations.

    «Une cinquantaine de taxis se sont positionnés aux abords de la préfecture» ce mardi matin pour protester contre l'arrivée d'UberPop dans la ville, rapporte par ailleurs France 3.

    Les taxis en colère réclament un arrêté d'interdiction de l'application dans la ville.

    Dans un communiqué, la préfecture déclare:

    «Les conducteurs qui exerceraient illégalement la profession de taxi ou de conducteur de VTC, s'exposeraient à des sanctions pénales d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende pouvant être assorties de peines complémentaires de suspension du permis de conduire pendant cinq ans ainsi que de la confiscation du véhicule.»

    Déclarations qui ciblent tous particulièrement les chauffeurs UberPop:

    «Des contrôles renforcés et ciblés seront effectués à compter du mardi 9 juin 2015 sur l'exercice illégal du transport de personnes à titre onéreux, sur la voie publique ainsi que via l'application UBER POP (maraude électronique) et seront poursuivis de manière intensive tout au long du mois de juin.»

    Suivez BuzzFeed France sur Facebook et Twitter.