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    Les risques de mettre son bébé sur Facebook quand on n'est pas Mark Zuckerberg

    Si vous n'êtes pas le patron de Facebook, voilà de quoi réfléchir.

    Mark Zuckerberg et Priscilla Chan ont annoncé mardi soir sur Facebook la naissance de leur fille Max.

    Facebook: 4

    Des millions de personnes ont liké ou partagé le post, accompagné d'une lettre ouverte à l'adresse de la petite fille où ses parents parlent d'un monde dans lequel ils rêvent de la voir grandir.

    Voir Mark Zuckerberg poster une photo de sa fille sur le réseau social qu'il a créé n'a rien d'étonnant. Plusieurs études –qui demandent quand même à être approfondies–, laissent entendre que de nombreux parents font de même.

    Tous les parents ne sont cependant pas à l'aise avec l'idée d'exposer leurs enfants sur Facebook, notamment pour des raisons de sécurité, ce dont la firme elle-même est consciente.

    Jay Parikh, vice-président de Facebook en charge de l'ingénierie, s'est justement exprimé sur le sujet le 11 novembre dernier lors d'une conférence à Londres, rapporte Business Insider.

    Il expliquait notamment que Facebook travaille à un système d'alerte pour avertir ses utilisateurs qui s'apprêteraient à poster certains types de photos. Pratique pour ne pas partager par accident une photo de soi nu-e, mais aussi dans un cadre familial.

    «Si j'étais sur le point de partager une photo de mes enfants jouant au parc en mode "public" par accident, ce filtre me dirait: "attention, ceci est une photo de vos enfants"», a expliqué Jay Parikh.

    Une avancée pour aider les parents à ne pas exposer l'intimité de leurs enfants en ligne, voire ne pas les mettre en danger. Mais qui ne règle pas la question des données personnelles que soulevait une mère de famille dans Slate en 2013.

    Connaissant la capacité de Facebook et consorts à amasser les données sur leurs utilisateurs, elle écrivait préférer y opposer un silence total:

    «Sachant à quel point les contenus et les données numériques sont catalogués, mon mari et moi avons fait un choix important avant la naissance de notre fille. Nous avons décidé que nous ne mettrions jamais en ligne aucune photo ou autre information personnelle qui puisse l'identifier.»

    Difficile de contredire son constat. En fait, il serait même fastidieux de faire l'inventaire de toutes les données que nous mettons à dispositions des plateformes. En voici quelques exemples, pour vous faire une idée, appliquées aux enfants:

    - Facebook dit utiliser «vos activités et les informations que vous fournissez». Concrètement, les photos et statuts que vous publiez sur vos enfants peuvent être décortiqués et exploités pour engranger des informations sur vous et sur eux («le lieu d'une photo», «la date à laquelle un fichier a été créé», et etc.).

    - Le réseau social s'intéresse aussi aux «activités des autres utilisateurs et les informations qu'ils fournissent». Appliquée à une famille, cela veut dire que le comportement des grand-parents ou des amis des parents contribuent à engranger des informations sur les enfants -et ce même si les parents refusent, eux, d'afficher leur progéniture.

    - Les «types de contenu que vous consultez ou avec lesquels vous interagissez» sont également scrutés. Si la grossesse, l'accouchement ou l'éducation d'un enfant font partie de vos centres d'intérêts du moment sur Facebook, vous êtes peut-être déjà grillé-e. C'est d'ailleurs en suivant ce principe qu'un centre commercial américain avait eu vent de la grossesse d'une adolescente avant sa famille en 2014.

    - Plus en profondeur encore, les informations sur les paiements faits sur Facebook, sur les sites web et les applications qui passent par Facebook (Tinder, Uber, Candy Crush...) ou celles qui émanent de «partenaires tiers» de la plateforme ou d'autres sociétés de Facebook entre également en jeu. Ce qui se passe en dehors du réseau ne lui est donc pas forcément inconnu.

    - Ces remarques sont bien sûr applicables à de nombreux autres services (avec chacun leurs nuances en fonction de leurs conditions d'utilisation) comme Gmail, Netflix, Amazon.

    Pour l'heure, tout n'est pas exploité et chaque service a sa propre manière d'utiliser les données qu'il récolte.

    Des garde-fous existent aussi pour éviter certaines dérives -par exemple, les informations vendues par les plateformes sont souvent rendues anonymes.

    Reste que l'ampleur du profilage, couplée aux progrès de la reconnaissance faciale, fait qu'on peut s'interroger sur l'empreinte numérique dont hériteront les adultes de demain, à cause des usages de leurs aînés.

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